De tous les impôts de l'Ancien Régime celui sur le sel - la gabelle - a toujours été le plus impopulaire, tant et si bien qu'aujourd'hui encore traiter quelqu'un de « gabelou» est considéré comme injurieux. Rien d'étonnant donc que les fraudeurs de gabelle, les faux-saulniers, aient eu la faveur des petites gens - et que le plus hardi d'entre eux soit devenu un héros populaire et un personnage historique. Louis Mandrin, originaire de St-Etienne-de-St-Geoirs dans l'Isère où il était né en 1724, se fait d'abord marchand mais, ruiné, pratique la contrebande du sel, réunit autour de lui jusqu'à deux cents hommes et attaque systématiquement les bureaux de « la Ferme du sel », tuant sans pitié les commis, distribuant la précieuse denrée et gardant l'or de l'impôt. Comme il respecte les biens particuliers, il est fêté, aimé, aidé. On envoie contre lui sans succès de véritables petites armées. II faudra la trahison pour qu'il soit pris en territoire savoyard, emmené à Valence, jugé et roué en 1755. C'est aux très sérieuses sources de l'histoire que Jules de Grandpré a puisé pour écrire la biographie romancée de celui qui se proclamait « capitaine général des contrebandiers », qui fut pendant près d'une décade roi du bassin du Rhône et dont le nom, finalement, devint synonyme de brigand.
